La colère s’abat sur l’avenue Bourguiba

La colère s’abat sur l’avenue Bourguiba
National
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Une manifestation s’est déroulée aujourd’hui à l’avenue Bourguiba en réaction à l’assassinat de Chokri Belaid. Entre quatre à cinq mille personnes se sont massées à l’avenue Bourguiba. Dès l’annonce de la mort de Chokri Belaid, des manifestants ont commencé à affluer sur l’avenue. Les manifestants, pacifiques, n’en étaient pas moins en colère contre un assassinat politique, une première en Tunisie depuis des décennies. Ce meurtre fait suite à des semaines de violence à l’égard de certains partis politiques de l’opposition et dont Chokri Belaid était lui-même victime, quelques jours auparavant au Kef. Les manifestants se sont regroupés devant le ministère de l’Intérieur, auquel l’accès a été interdit par un dispositif policier. Les couleurs politiques des présents était diverses et variées, des enseignants, des magistrats faisaient partie de la foule, des avocats en tenue, tous venus rendre hommage à un de leurs collègues. Des drapeaux tunisiens et des pancartes à l’effigie du disparu étaient brandis. Les slogans étaient manifestement hostiles à Ennahdha et au ministère de l’Intérieur qualifié de «ministère terroriste» par certains. Les manifestants accusaient le parti au pouvoir de passivité, voire de complicité dans cet assassinat. Des slogans appelaient aussi, Ali Laârayedh et tout le gouvernement à démissionner, n’ayant pas pu mettre un terme à la vague de violence qui touche le pays. Rached Ghannouchi n’a pas été épargné non plus par la colère des manifestants, les slogans scandés étaient similaires à ceux du 14 Janvier, à la différence près que le nom de Ghannouchi remplaçait celui de Ben Ali. Les policiers encadrant les protestataires étaient encouragés à enlever leurs casque et «marcher tête haute en compagnie de ceux qui ont été humiliés». Plusieurs manifestants, les larmes aux yeux, étaient visiblement touchés par la mort de Chokri Belaid, rappelant qu’«il n’est pas mort sous la dictature de Ben Ali, mais assassiné sous la démocratie de la Troïka.» Chokri Belaid qui pas plus tard qu’hier dénonçait la main d’Ennahdha qui couvre les selon lui, les coupables de la mort de Lotfi Nakdh. Un communiqué du conseil de la Choura, appelait à libérer les personnes incarcérés dans cette affaire, estimant qu’ils sont victimes d’une injustice et qu’il s’agit d’une punition collective. Hier sur le plateau de Nessma, Chokri Belaid, dans une sorte d’ultime prophétie, y voyait un feu vert tacite aux assassinats politiques. Tout ce que le pays compte d’hommes et de femmes politiques, ont vigoureusement condamné ce meurtre. Le climat politique n’est pas apaisé pour autant, les accusations pleuvent de toute part, ce qui rend l’ambiance encore plus tendue qu’elle ne l’était. L’opposition tunisienne doit se réunir aujourd’hui pour se concerter sur les réponses à adresser à cet attentat à la démocratie et à la pluralité.



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