Se procurer une arme en Tunisie… c’est facile : un journaliste a tenté l’expérience !

Se procurer une arme en Tunisie… c’est facile : un journaliste a tenté l’expérience !
National
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Sait-on, aujourd’hui, comment et par où transitent les armes qui pénètrent clandestinement en Tunisie ? La question est d’actualité depuis que l’ancien régime libyen s’est écroulé. Et bien que les forces sécuritaires soient sur leurs gardes, le phénomène des armes tend à devenir de plus en plus inquiétant… Le journal Al-Maghreb vient de réaliser une enquête d’investigation au cœur des réseaux clandestins de vente d’armes. Il s’avère qu’aujourd’hui il est devenu quasiment facile de se procurer l’arme de son choix. Sous couvert d’une autre identité, un journaliste du quotidien en langue arabe, a mené, deux semaines durant, une enquête sur le terrain qui a permis de répondre à la question suivante : Peut-on se procurer aussi facilement une arme en Tunisie et peuvent-elles parvenir jusqu’à la capitale ? Les conclusions de cette investigation, publiées dans l’édition d’Al-Maghreb d’aujourd’hui, sont effarantes puisque que l’enquêteur affirme qu’un simple citoyen peut désormais se procurer l’arme de son choix (cela va du RPG au simple pistolet) en moins de 24 heures et peut même, avec beaucoup de précaution, passer les barrages sans encombres. Le journaliste au pseudo Abderrahamane a établit un premier contact avec un intermédiaire qui devait lui permettre d’atteindre un trafiquant-vendeur d’armes. Le premier défi consiste à passer avec succès le premier test. - « Pourquoi cherches-tu à te procurer une arme ? » - « Pour me défendre ! » Cette question lui sera posée plus d’une vingtaine de fois et une fois convaincu, l’intermédiaire passe à l’étape suivante ; celle qui consiste à pénétrer au premier stade du réseau. Car, comme l’affirme l’investigateur, il est, de premier abord, difficile d’entrer dans ce réseau sans être confronté à des intermédiaires qui se succèdent et sans gagner la confiance de chacun. Le premier contact avec les armes, Abderrahamane, l’aura lors d’une rencontre au cours de laquelle on lui montre des photos d’armes avec leurs tarifs affichés. Un 9 mm avec silencieux coûte 3000 dinars ; une Kalachnikov, 2500 ; Un Beretta, 4000 ; un fusil de chasse 16 mm, 2100 dinars ; etc… Abderrahamane se met d’accord avec ses intermédiaires pour une Kalachnikov. Le fournisseur le contactera lui-même pour lui fixer l’endroit et l’heure où aura lieu la transaction. Abderrahamane apprend également que la majorité des armes vendues sont en provenance de Libye et pénètrent en Tunisie via Ras Jedir. Les principaux clients sont des hommes d’affaires, des gangs et désormais de simples citoyens. Et les principaux fournisseurs sont des « professionnels » du trafic qui sont parvenus, au fil des mois à ériger un réseau de relations s’étendant jusqu’en Libye. Car, la Libye est justement au cœur de ce trafic d’armes et fournit la grosse majorité des armes qui transitent vers la Tunisie. A noter que ce réseau ne verse pas dans le réseau djihadiste, selon le témoignage d’un des intermédiaires. « Les djihadistes ont leur propre réseau. Généralement, ce sont les djihadistes libyens qui leur offrent des armes et tout se fait à Nalout en Libye ». Certaines conditions règlementent l’achat d’une arme via ces réseaux clandestins tels qu’a utilisés Abderrahamane. Une seule arme est vendue par acheteur ; les munitions ne sont pas comprises dans la vente ; et le prix de l’arme dépend généralement du contexte sécuritaire et du cours des devises. Ce qui reste étonnant, c’est la transaction en elle-même. On fixe un rendez-vous à l’acheteur en prenant de soin de s’assurer qu’il a le compte sur lui, puis on le trimballe de bourgade en bourgade, aucune ne portant un nom. Et enfin, deux véhicules s’arrêtent au bord d’une route et l’échange s’effectue en cinq minutes… Tout cela, malgré les rondes des forces de sécurité !



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