Ennahdha veut-elle priver Nidaa Tounes de son principal soutien ?

Ennahdha veut-elle priver Nidaa Tounes de son principal soutien ?
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Alors que l’alliance entre le Parti Républicain et Nidaa Tounes semblait en bonne voie, la rencontre entre Ahmed Nejib Chebbi, président d’Al-Joumhouri et Rached Ghannouchi, président d’Ennahdha vient rebattre les cartes et relance les rumeurs sur la composition du futur gouvernement. Le président du Parti Républicain, Ahmed Nejib Chebbi, a tenu, jeudi dernier, une réunion avec Rached Ghannouchi. Cette réunion, la première entre les anciens compagnons de route depuis le 14 Janvier, en a surpris plus d’un et n’a pas fini de susciter la curiosité, surtout au niveau du timing, à l’aube d’un remaniement attendu depuis longtemps. En effet, tout semblait indiquer que le PR se dirigeait vers une alliance avec le parti de Beji Caïd Essebsi afin de contrebalancer le poids d’Ennahdha sur la scène politique. La Troïka mène aujourd’hui des négociations dans le but d’élargir le plus possible la coalition gouvernementale. Cette rencontre entre visiblement dans le cadre de ces négociations. Une réunion sans précédent ! Ennahdha, affirme que l’objectif de cette réunion était le partage des points de vues sur les moyens d’aborder la fin de cette phase transitoire dans un climat d’apaisement, et d’arriver à un terrain d’entente. Quant à la question de savoir si le PR va rejoindre le gouvernement, M. Nejib Gharbi, responsable des medias au sein d’Ennahdha, affirme sur le site internet du parti que «la rencontre avait un teint convivial et amical (…) et la question de l’élargissement de la coalition a été abordée». Ahmed Nejib Chebbi, présent jeudi sur le plateau de l’émission « Attasia massaa », confirme la tenue de cette réunion, précisant que c’est une initiative de Rached Ghannouchi à laquelle il a répondu favorablement, estimant qu’il existe aujourd’hui une prise de conscience générale sur l’état critique du pays, même au sein de la Troïka, et que c’est dans cet état d’esprit qu’il a accédé à la demande de Rached Ghannouchi. Il souligne que Rached Ghannouchi voulait à travers cette rencontre, connaître la vision des partis de l’opposition et leurs points de vue à la veille d’une réunion de la Troïka. Au cours de cette réunion, ils discuteront des modalités finales du remaniement gouvernemental et de sa composition ainsi que des conclusions des concertations avec différents partis politiques. Ahmed Nejib Chebbi, affirme aussi que le ralliement du Parti Républicain au gouvernement a été discuté sans pour autant donner plus de détails. La discrétion est de mise pour les deux parties, qui refusent pour le moment de donner une quelconque indication sur la nature et l’ampleur des négociations en cours. Entrée du Parti Républicain au Gouvernement ? Cette rencontre et le mutisme qui l’entoure, relance les spéculations sur la composition du prochain gouvernement et de la possible entrée du PR au gouvernement. Plusieurs rumeurs font état de la nomination d’Ahmed Nejib Chebbi à la tête de plusieurs ministères, notamment celui des Affaires étrangères. Revenant sur l’éventualité de voir le Parti Républicain rejoindre le gouvernement sur les ondes de Mosaïque FM, Ahmed Nejib Chebbi soutient que cette question n’est pas encore à l’étude par les instances du Parti, surtout en l’absence de projet et de vision claire de la part du gouvernement actuel. Il souligne que seules deux issues sont susceptibles d’être satisfaisantes aux yeux du PR, à savoir, un gouvernement de technocrates qui gèrera les affaires jusqu’aux prochaines élections, ou un gouvernement d’union nationale n’excluant aucun parti, avec des personnalités indépendantes à la tête des ministères régaliens pour assurer leur neutralité. Récalcitrant à l’idée de rejoindre le nouveau gouvernement, Ahmed Nejib Chebbi justifie sa position par les dissensions et troubles internes que vivent le CPR et Ettakatol suite à leur arrivée au pouvoir. Ahmed Nejib Chebbi, craint visiblement de perdre une base électorale farouchement opposée à Ennahdha et de s’attirer leurs critiques en s’associant aux échecs du gouvernement. Surtout, comme il le précise lui-même, que la durée qui sépare le remaniement des prochaines élections, qu’elles soient tenues en juin prochain ou à l’automne, est courte, et que de ce fait, aucune réforme ni réalisation concrète ne pourra être atteinte dans un si court laps de temps. De l’eau dans le gaz entre le Parti Républicain et Nidaa Tounes ? Cette rencontre au sommet entre Rached Ghannouchi et Ahmed Nejib Chebbi, intervient quelques jours après la sortie de route étonnante de Béji Caïd Essebsi et ses déclarations fracassantes au journal Al Maghreb dans une interview au cours de laquelle il a égratigné ses futurs alliés dont notamment Ahmed Nejib Chebbi et son parti qu’il juge « immatures » politiquement. Maniant la langue de bois à la perfection, Ahmed Nejib Chebbi, affirme ne pas vouloir enfler encore plus la polémique, même si les appréciations de Beji Caïd Essebsi sont infondées. Il préfère mettre en avant l’excellence de ses relations avec l’ancien Premier ministre et la concordance de leurs points de vue sur les projets politiques, ajoutant même que son parti et Nidaa Tounes ont un accord de principe en vue d’une prochaine alliance aux prochaines élections. Il dément aussi le fait que ces déclarations soient une réaction à ses pourparlers avec Ennahdha, l’invitation émanant de Rached Ghannouchi est, d’après lui, postérieure à l’interview d’Al Maghreb. Il soutient également que le rapprochement avec Ennahdha ne constitue pas un handicap à une alliance Nidaa-PR, étant donné que l’entrée au gouvernement de son parti est tributaire de la participation de Nidaa Tounes. Si ce dernier venait à être exclu de la coalition, il se retirerait alors de toutes les négociations. Même si Beji Caïd Essebsi a présenté ses excuses, personnellement, aux dirigeants du Massar et du Parti Républicain, il est évident que ses déclarations laisseront des traces. Une question se pose, tout de même : cette mini-crise est-elle insurmontable ? Et surtout, permettra-t-elle à Ennahdha de couper l’herbe sous les pieds de Nidaa Tounes, perchés haut dans les sondages, en les privant de leur principal soutien ?



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