Budget de la Présidence de la République : l’arrêté républicain pour faire taire tout le monde !

Budget de la Présidence de la République : l’arrêté républicain pour faire taire tout le monde !
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Examiné lors de la séance plénière du 24 décembre, le budget de la Présidence de la République inclus dans la loi de finance 2013 a été, comme tout le monde le sait, rejeté par les Constituants. 69 constituants ont voté pour, 22 se sont abstenus et 44 contre pour moins de deux tiers des présents (135) d’où un rejet du texte. Une décision inédite dans l’histoire de la République tunisienne et qui a suscité une vaste polémique.

Moncef Marzouki sanctionné ?

Le budget de la Présidence de la République, fixé à 79 millions de dinars pour l’année 2013 est certes en augmentation de 7,3% par rapport à 2012, il reste toutefois dans le même ordre de croissance que celui de la Présidence du gouvernement (7,1% d’augmentation) mais nettement moins élevé que celui-ci en volume (138 millions de dinars en 2013). Au passage, le budget de l’ANC est lui aussi en nette augmentation (+12,8%). Les deux budgets, de l’ANC et du gouvernement, ont quant à eux été approuvées. L’abstention de certains députés d’Ennahdha a été décisive lors de ce vote, les élus nahdhaouis justifiant leurs votes par le fait qu’une augmentation du budget n’est pas en concordance avec la politique d’austérité en vigueur dans le pays. Walid Bennani, député d’ennahdha, estime que c’est un vote technique et que le mot d’ordre donné par le groupe Ennahdha était de voter tous les volets de la loi de finances sans exceptions. Cependant, Walid Bennani admet que certains députés d’Ennahdha se sont abstenus, mais seulement parce que le pays est dans une période d’austérité et que les efforts doivent être partagés par toutes les instances de l’Etat. Mais au vu des chiffres, on constate que cette austérité ne s’applique que pour le président de la République, vu que tous les autres budgets sont eux aussi en hausse. Les partisans de Moncef Marzouki y voient, quant à eux, une décision politique et une volonté de sanctionner les tentatives d’émancipation du président vis-à-vis de ses alliés au gouvernement et ses prises de positions parfois à contre-sens.

Moncef Marzouki "accusé"…

Le budget de la Présidence de la République a certes crû mais dans la limite du raisonnable, juge Adnane Mansser, porte-parole de la présidence de la république. Dans une déclaration sur les ondes de la radio Shems FM, il affirme que «le budget consacré à la Présidence de la République est un des plus réalistes et le taux d’augmentation est un des plus bas par rapport aux autres institutions de l’Etat» ; Il ajoute que 60% de l’augmentation seront affectés à la croissance des salaires des fonctionnaires auprès de la présidence. Adnane Mansser précise que le rejet est essentiellement dû à «une méconnaissance des détails du projet de la part des élus et a des spéculations partisanes». Moncef Marzouki est accusé de vouloir constituer une cagnotte en vue des prochaines échéances électorales sur le dos des contribuables sous forme d’aide sociale. De son côté, Slim Besbes, Secrétaire d’Etat aux Finances, affirme à la TAP, que l’augmentation du budget n’est pas considérable contrairement à ce qu’ont rapporté certains députés. Pour Elyes Fakhfakh, nouveau ministre des Finances, cette hausse n’est due qu’à la croissance de la masse salariale. «L’augmentation de 10% du budget qui sera consacré aux dépenses salariales et au financement des acquisitions nécessaires pour le renforcement de la sécurité, reste en dessous de la moyenne générale», affirme-t-il.

L’ANC dans une impasse ?

Le budget rejeté sera renvoyé devant la commission des finances et du plan de l’ANC pour être réexaminé. Le chef de cabinet de la présidence sera auditionné à l’ANC pour éclaircir les raisons de cette augmentation, au cours d’une séance durant laquelle les élus qui ont voté contre le budget exprimeront les raisons de leurs oppositions. A la suite de cette séance, le budget sera révisé et soumis à nouveau au vote. L’ANC ira-t-elle dans le sens d’Adnane Mansser qui affirme à qui veut bien l’entendre que si le projet n’est pas approuvé avant fin décembre, l’ANC sera alors dans impasse et que dans ce cas, la loi de finances sera promulguée par arrêté républicain conformément à la loi sur l’organisation provisoire des pouvoirs publics. La boucle est bouclée !



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