Partenariat privilégié avec l'UE : Tout partager sauf les institutions !

Partenariat privilégié avec l'UE : Tout partager sauf les institutions !
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L'idée a été relancée par Fillon. Il en avait parlé à l'époque où Sarkozy, désarçonné par sa politique étrangère en Tunisie aux yeux de l'opinion publique, redoutait les élections présidentielles déjà visibles à l'horizon. L'ex-président français a dû reconnaitre par la suite que l'avènement de la révolution en Tunisie lui avait échappé et reconnait que son échec pour un second mandat est en partie la conséquence de sa mésaventure en Tunisie. Fillon donc, avait essayé de reprendre les choses en mains et avait avancé l'idée d'un partenariat plus avancé pour la Tunisie post Ben Ali. Déjà, lors de la visite de BCE en mai à la l'occasion de la tenue de la réunion du G8 à Deauville, la France avait intercédé pour la Tunisie et BCE n'était pas revenu les mains vides... Sur ce, est arrivé le 23 octobre !... Plus rien depuis, en attente de la nouvelle gouvernance en France, la gauche ayant entretemps balayé l'UMP. Mais Hollande pour qui la Tunisie a voté quasi exclusivement, ne pouvait pas ignorer cet élan et peut être, serait il ré-initiateur de l'idée de faire de la Tunisie un partenaire privilégié à l'Union Européenne. Mais quelle Tunisie ?... À ses yeux, les problèmes sécuritaires, peuvent-ils empêcher que les deux pays concrétisent leurs visions de l'avenir, particulièrement dans la perspective d'une intégration euro-méditerranéenne pour les prochaines années. Apparemment pas. C'est ainsi qu'à l’issue de la 9e session du Conseil d’association Tuniso-Européenne, la Tunisie a accédé à partir du 19 novembre, au statut privilégié de l’Union européenne avec laquelle elle a convenu d’un plan d’action qui touchera les domaines politique, économique, social et financier pendant la période 2013-2017. À la clé, un don de 68 millions d’euros est servi tandis que le programme détaillé de la mise en exécution de ce plan d’action sera entamé au début de 2013, l’objectif recherché étant de définir les priorités de chaque partie pour la période à venir. Soit! Mais quels pourraient être "ces priorités" pour l'un et l'autre. Les tenants et les aboutissants du nouveau statut Il faut prendre conscience que la constitution consacrant la nouvelle Union Européenne Élargie (UEE) a introduit dans son article 17 le concept de "partenaire privilégié". Pour autant le processus de Barcelone n'a véritablement concentré ses préoccupations que sur les pays de l'Est européen, dont le résultat au plan économique, plutôt médiocre, a provoqué la crise que vit aujourd'hui l'UE. Depuis quelques années, la France qui a déjà intercédé pour le Maroc (2005) n'a cessé de préconiser de se montrer "plus imaginatif" tout en appelant à la réorientation des priorités communautaires qui, ces dernières années, concentraient leurs préoccupations sur l’Est du continent européen, de faire en sorte que les années à venir soient consacrées à l’aide au développement et à la prospérité des peuples de la Méditerranée et ainsi faire du Bassin une "zone de prospérité partagée et de sécurité collective" de bâtir un "marché commun" entre tous les partenaires des deux rives "pour tirer tout le monde vers le haut"... ! La Turquie y comprise, qui n'en deviendra pas, pour autant, membre à part entière. La révolution tunisienne a-t-elle rendu encore plus propice cette perspective ?... Inchallah ! Mais l'insécurité et les remous de toutes sortes qui ont fait florès en s'amplifiant depuis, ne sont-ils pas contre indiqués ? Qu'en pense-t-on du côté de la gouvernance locale ? Questions sécuritaires versus énergie ? No problème ! Il n'y a pas longtemps, la TAP rapportait que le secrétaire d’État tunisien chargé des Affaires européennes a assuré que "la situation sécuritaire du pays n'influe ni sur les investissements extérieurs ni sur les négociations" et que "les craintes des investisseurs ont plus trait à des questions de législation qu'à des questions sécuritaires". Mais "la mise à niveau des législations nationales et leur harmonisation avec les législations européennes, facilitent la coopération entre les deux partenaires et se reflètent positivement dans tous les domaines" affirmant la nécessité de "réviser le code des investissements dans les meilleurs délais, afin d'en faciliter les procédures" assurant que d'ores et déjà "Plusieurs secteurs économiques, notamment celui de l'énergie, enregistrent une concurrence entre des pays européens qui souhaitent y investir"... On serait à deux doigts de croire que la Tunisie ne vaut que pour son énergie (gaz de schiste et/ou solaire notamment). L'insécurité passe en second plan alors qu'elle était élément clé hier, quand S&Pr's et Moody's s'en prévalaient pour nous descendre au rang "spéculatif"... Langue de bois ou langage de sincérité, pour un statut qui reste un terme ambigu notamment pour Radhi Meddeb qui pense que le statut de partenaire privilégié est une déclaration politique de la part de l’UE. En tout cas pour d'autres, l'avenir réside en notre intérêt que de réussir dans cette voie de l'intégration des pays du sud de la méditerranée aux rives des pays du nord du bassin, avec lesquels plus de 80% de nos échanges se font et ce, jusque preuve du contraire. Le statut de partenariat avancé reste donc, une chance qu'il ne faut pas rater à tous les azimuts (tourisme, exports IDE, services, secteur primaire, secondaire, tertiaire...) si pour peu on prospecte un avenir visible et faisable, potentiel de bons augures... Que nous soyons accrocs à la religion ou laïques, cette "main tendue" d'une Europe quand bien même aujourd'hui malade, reste une aubaine que ni les uns ni les autres ne doivent ni n'ont le droit, de laisser partir tant elle contient toute une liste de domaines et secteurs dans lesquels, l'Europe possède une avancée considérable. ____________________ Crédit photo: Fdesouche.com



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