Une 2ème vidéo de Ghannouchi : la confirmation...

  Une 2ème vidéo de Ghannouchi : la confirmation...
National
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Après la vidéo ébruitée d'hier et qui a fait le buzz, montrant Rached Ghannouchi en train de prodiguer ses conseils à un groupe de salafistes, la surprise sur les réseaux sociaux a été, aujourd'hui, la diffusion d'une conversation entre un certain Bechir Ben Hassen, prédicateur, et le Président du mouvement Ennahdha. La date de cette conversation n'est pas précisée, mais à partir de son objet et de son contenu, il est clair qu'elle a eu lieu au moment des débats sur l'insertion de la Chariaa dans la constitution en tant que source de la loi. Le prédicateur, qui était en tournée à Tozeur dans le cadre d'une action de sensibilisation, a indiqué au cours de cette conversation qu'il s'était entretenu avec Habib Ellouze à Sfax au sujet de la question et qu'il souhaitait lui en faire part. Bechir Ben Hassen propose de soumettre le projet à un référendum, car il est convaincu qu'une majorité de Tunisiens sont favorables à l'adoption de la Chariaa dans le texte fondamental de l'État (Constitution). Rached Ghannouchi a répliqué que le débat sur la question est un faux problème, car le plus important n'est pas dans la consécration du principe dans la constitution, mais réside dans son application en édictant des lois conformes à la Chariaa et en veillant à leur exécution. Pour exemple, il a cité un texte de droits communs remontant à 1906, interdisant la vente de l'alcool aux musulmans, et qui n'est pas respecté dans la pratique. Rached Ghannouchi a ajouté dans ce même cadre que les lois étant l'œuvre de l'autorité politique, leurs conceptions et modalités de mise en application sont tributaires du rapport des forces. Lorsque le rapport des forces sur la scène politique sera totalement acquis en faveur des islamistes, l'implémentation de la Chariaa ne posera pas de difficultés. En effet, il considère qu'en l'état actuel des choses et malgré la victoire d'Ennahdha aux dernières élections, l'administration et l'armée sont encore entre les mains des Laïcs. Le président d'Ennahdha préconise la progressivité de la démarche mettant en garde contre l'empressement d'autant plus qu'une partie de la population tunisienne appréhende l'application de la Chariaa, car ils la perçoivent sous l'angle des mauvaises applications qui ont prévalu dans certains pays et par la lorgnette de la campagne de diabolisation menée par les Occidentaux et les laïcs. Il pense que la reconduction de l'article 1er de la constitution de 1959 est une victoire puisque les ennemis de la Chariaa ne sont pas favorables à son maintien et aimeraient remplacer «l'islamité de l'État » par « la laïcité de l'État ». Il avoue, toutefois, qu'avec les autres partenaires dans le pouvoir qui n'épousent pas les mêmes idées et n'ont pas la même vision, son mouvement n'est pas en mesure d'aller encore loin. Concernant sa position au sujet du code du statut personnel, il a déclaré que dans l'hypothèse où le mouvement islamiste occupera une position dominante sur la scène politique et sera bien ancré dans les rouages de l'État, il aura la faculté de revoir les dispositions qui ne sont pas en harmonie avec la Chariaa. Tel est en substance le contenu de cette conversation qui n'est pas sans rappeler celui de la vidéo diffusée avant hier et dont le cabinet de Rached Ghannouchi confirme l'authenticité alors que Ali Laaryedh, député du mouvement, affirme qu'elle a été traficotée. Encore une fois, cet enregistrement prouve, que le mouvement Ennahdha se veut très proche des salafistes pour les rassurer et ne pas dilapider un fonds de commerce politique et un portefeuille électoral, et affiche publiquement un attachement à la République et l'État civil. 




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