Si Mourou renonce à poursuivre son agresseur, l’action publique ne s’éteint pas pour autant !

Si Mourou renonce à poursuivre son agresseur, l’action publique ne s’éteint pas pour autant !
National
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Dans une interview accordée à la chaîne de TV Tawasol au sujet de l’agression dont il a été victime, Cheikh Abdelfatteh Mourou a annoncé qu’il n’avait pas l’intention de poursuivre son agresseur, Mohamed Thameur Wahada, au motif que le préjudice qui lui a été occasionné par le fait de cette agression n’est pas important et qu’il n’avait aucun intérêt à agir contre ce dernier. Pourtant, dans une déclaration faite deux jours auaparavant, Cheikh Mourou a déploré amèrement cette agression qui constitue une humiliation à son égard et une atteinte à sa dignité et à sa liberté. Il semble que la vraie raison qui explique sa décision réside dans d’autres considérations qui n’ont rien à voir avec les motifs invoqués. Il peut s’agir de la crainte d’une menace comme il peut s’agir de l’exécution d’un ordre ou d’un compromis avec une partie qui a intérêt à étouffer l’affaire. A priori, rien n’interdit à la victime de renoncer au droit de poursuite contre son agresseur. Mais la renonciation à ce droit n’éteint pas l’action publique. Le procureur de la République peut poursuivre pénalement l’auteur du délit et le faire comparaître devant le tribunal pour atteinte à l’ordre public. Mais dans la pratique, les autorités judiciaires peuvent classer l’affaire pour inopportunité des poursuites lorsque le fait reproché n’est pas grave et lorsque le prévenu ne représente pas un danger pour la société. Or, le profil de l’agresseur dans cette affaire ne plaide nullement en sa faveur. D’après un témoignage entendu hier sur Shems FM (cliquez ici pour accéder à l'enregistrement), ce dernier a été condamné par la justice italienne pour meurtre. À son retour en Tunisie où il a été expulsé après avoir purgé sa peine, il a subi une nouvelle condamnation sur la base de la loi de décembre 2003 contre le terrorisme avant d’être amnistié en 2011. Le pardon complice de Cheikh Mourou Politiquement, la décision de Cheikh Mourou est condamnable, car en pardonnant à son agresseur, il contribue à instaurer l’impunité dont jouissent des extrémistes violents qui agissent au détriment de la sécurité et de l’ordre public sans être inquiétés par les autorités. D'ailleurs, dans cette interview, il reconnaît implicitement que l’absence d’autorité a été un facteur déterminant dans la prolifération de la violence et l'anarchie. L'attitude de Cheikh Mourou est de nature à les encourager à user davantage de violence à l’encontre de la société civile, les démocrates, les intellectuels émancipés et les artistes. Ces derniers qui ont été à leur tour victimes d’agressions beaucoup plus graves que celle subie par Cheikh Mourou, n’ont pas encore obtenu gain de cause malgré les plaintes déposées en bonne et due forme, l’identification des criminels et la gravité des actes dont ils ont été victimes. Les coupables présumés, mais bien connus, continuent à circuler librement et à menacer la sécurité des personnes.




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