Chedly Ayari à la tête de la BCT malgré son passé politique

Chedly Ayari à la tête de la BCT malgré son passé politique
National
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Comme attendu, la candidature de Chedly Ayari au gouvernement de la Banque Centrale a été confirmée par une majorité des députés au nombre de 94 voix favorables contre 89 voix négatives et 4 abstentions. Les résultats ont été contestés par plusieurs députés de l’opposition dès l’annonce du verdict. Ces derniers trouvent curieux que le nombre des votants (189) dépasse celui des présents, recensés au début de la séance (152) . Ils ont demandé de reprendre l’opération dès le début en procédant en premier lieu au comptage des présents. Sahbi Attig , le chef du groupe Ennahdha a répliqué à ces contestations en faisant observer qu’en vertu de la présence de l’ensemble des députés du mouvement, les résultats ne sauraient être autrement. Effectivement, la mobilisation était si bien orchestrée qu’aucune absence n’a été enregistrée au sein du groupe. De même, certains ministres ont dû se présenter à l’Assemblée, contrairement à leur habitude, pour prêter main-forte à leurs collègues de la Troïka. Mais, comparativement à ceux enregistrés lors de la révocation, il y a une semaine, de Mustapha Kamel Nabli, ces résultats démontrent que 16 députés, qui avaient voté en faveur de l’éviction de l’ancien gouverneur de la Banque Centrale, n’ont pas tous voté pour la désignation de Chedly Ayari ou se sont abstenus. Les abstentions, qui étaient lors du premier vote au nombre de 10 sont retombées à 4 ce qui présume que 6 députés parmi ceux qui s’étaient abstenus se sont joints à l’opposition dans le vote relatif à Chedly Ayari. À travers l’intervention des députés qui ont pris la parole après la présentation de Chedly Ayari de sa politique et de ses choix dans les domaines monétaire et bancaire, l’on peut déduire qu’une partie des élus du CPR (Congrès Pour la République) ont voté contre la candidature du nouveau gouverneur. Ainsi, Samia Abbou a indiqué que les militants du CPR ne sont pas des moutons de Panurge pour obéir aux ordres et que par principe, ils refusent de faire confiance à un homme qui a servi la dictature et collaboré avec son régime. Sa position n’est pas tellement loin de celle des députés de l’opposition qui ont tous axés sur le passé politique suspicieux de Chedly Ayari et dénonçant en même temps la duplicité de langage pratiquée par la Troïka. S’agissant du passé politique du candidat, les députés de l’opposition ont évoqué sa désignation par Ben Ali en tant que membre de la Chambre des conseillers, ses prises de position contre l’opposition et en faveur du régime, sa contribution à l’élaboration d’un livre dédié au changement et les circonstances dans lesquelles il a quitté dans les années 80 la Banque Africaine de Développement dont le siège était au Soudan. Ils ont surtout rappelé son plaidoyer lors de la discussion en juin 2010 de la loi portant incrimination de l’opposition. Quant à la duplicité du discours, les députés de l’opposition se sont étonnés de l’attitude paradoxale de la Troïka dont le discours officiel déclare vouloir rompre avec le passé et les symboles de l’ancien régime alors que dans les faits, on constate que des ex -responsables du RCD et collaborateurs de Ben Ali reviennent aux affaires. Pour l’illustrer, l’un des intervenants a cité l’exposé des motifs présenté par le gouvernement pour écarter Mustapha Kamel Nabli et qui met l’accent, entre autres, sur ses rapports avec l’ancien régime alors que dans le CV du nouveau candidat , mis à la disposition des députés, aucune allusion n’est faîte à son passé politique. Les représentants du mouvement Ennahdha ont axé leurs interventions sur les compétences et l’expérience du nouveau gouverneur qui, selon eux, serait l’homme indiqué pour vaincre les difficultés, redresser la situation et relancer le marché monétaire. Quant à son passé politique, ils ont relativisé les faits soulevés considérant que du temps de Ben Ali, les individus compétents dans tous les domaines étaient exposés à ce risque. Un autre député de la même mouvance a ajouté que le nouveau candidat a nié avoir été impliqué dans ces faits et que toute accusation portée à son encontre n’est que tendancieuse.



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