Selon des témoins oculaires, les faits dans cette affaire qui a eu lieu le vendredi passé consistent en une agression verbale perpétrée par Manoubia Bouazizi à l’encontre d’un magistrat qui lui avait demandé de lui céder le passage. Ce jour là, la mère de Mohamed Bouazizi était au tribunal de Sidi Bouzid pour le retrait de documents. Elle était en discussion avec un groupe de citoyens lorsque le juge lui avait demandé de lui laisser le passage. C’est alors qu’elle l’a agressé verbalement. Ce dernier a déposé une plainte pour outrage à un fonctionnaire public suite à laquelle le substitut du procureur de la République du tribunal concerné a ordonné sa détention préventive en attendant de comparaître devant le juge.
Les témoignages recueillis à ce sujet de cette affaire ne précisent pas si la manière avec laquelle le juge s’est adressé à l’intéressée était ou non provocatrice, chose qui aurait, peut être, justifié sa réaction agressive. Mais selon son avocat, Maître Moez Salhi, sa réaction s’explique par sa situation sociale difficile qui la fait vivre sur ses nerfs ( sic). Des habitants de Sidi Bouzid, interviewés à ce propos par la chaîne de TV Al Hiwar Ettounsi ont sollicité la clémence de la Justice et le classement de l’affaire compte tenu de la symbolique que représente la mère de Mohamed Bouazizi, héros du printemps arabe. Mais d’aucuns y ont vu un procès politique à part un jeune homme qui a cru bon dénoncer ce qu’il a qualifié de manœuvre fomentée par des parties hostiles à la révolution au moment où les affaires des martyrs et des blessés de la révolution trainent encore .
Les politiques qui, d’habitude ne gardent pas le silence sur des procès de ce genre, mettant en cause des personnes impliquées directement et indirectement dans la révolution, ont été cette fois-ci réticents, comme s’il s’agissait d’un quelconque fait divers. Seul le parti politique WAFA a requis des éclaircissements sur les péripéties et les circonstances de l’affaire tout en insistant sur la suprématie de la loi.
De son côté, le ministre de la justice, Monsieur Noureddine Bhiri, Interrogé sur l’affaire en marge du 9ème congrès du Parti Ennahdha, a fait valoir l’indépendance de la justice qui s’est saisie de cette affaire au vu d’une plainte déposée par le magistrat agressé et non sur intervention du ministère public. De ce fait, l’arrêt des poursuites et la relaxation de l’inculpé dépendent du retrait de la plainte.
Malheureusement, cette logique ne s’est pas vérifiée dans d’autres affaires où des personnalités politiques, des responsables et des membres de partis politiques, des artistes et des intellectuels ont été menacés et agressés physiquement par des salafistes au nom de l’Islam et de la morale publique. A ce jour, leurs plaintes sont restées lettres mortes.