De l’amateurisme !

De l’amateurisme !
National
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Face au danger réel qui nous guette, sur nos frontières du Sud en particulier, illustré, on ne peut mieux, par l’anéantissement, il y a une dizaine de jours, d’une colonne de terroristes relevant probablement de l’AQMI et alors qu’on s’attendait à ce que notre classe politique, dans son ensemble, se serre les rangs et fasse preuve de vigilance, voici que la chamaille s’établit pour de bon entre ses différentes composantes. Le plus grave, c’est que l’extradition vers la Libye, le 27 juin, du dernier Premier ministre de Kadhafi, Al Baghdadi Al Mahmoudi, —plus ou moins sans l’aval ni la mise au courant du président Marzouki— a créé une crise sans précédent, mais prévisible, entre le Palais de Carthage et la Kasbah. Il s’ensuivit une confusion générale dans tous les rouages des institutions qu’on aurait dû en principe œuvrer à consolider. Jugeons-en, succinctement ! Sentant l’extradition d’Al-Baghdadi comme un empiètement sur ses attributions et tenant à retrouver ses prérogatives rongées par le Premier ministre Jebali, le président Marzouki a réagi à l’emporte-pièce, sans vision claire, ni feuille de route. Il ordonna illico-presto le limogeage du gouverneur de la Banque Centrale, refusa de signer deux projets de loi en rapport avec le FMI et annula sans explication aucune un discours télévisé qu’il devait prononcer. Une vraie cacophonie qui a engendré le départ de son conseiller principal chargé de l’information. Et c’est là, la troisième démission d’un membre de l’entourage direct du président provisoire. Finalement, le Président s’en remet à l’Assemblée Constituante tout en menaçant de démissionner… Du «rififi» pour rien ! De son côté, l’opposition, qui a trouvé du renfort parmi les défenseurs des Droits de l’homme, dénonçant l’extradition, a tenté vainement d’introduire une motion de censure contre le gouvernement. Autant de faits et de méfaits entre le gouvernement et la présidence, étalés sur la place publique, ne sont pas susceptibles —mais pas du tout— de renforcer leur crédibilité respective auprès du citoyen. Les cafouillages vécus, tout au long de la semaine passée par l’affaire «empoisonnante» d’Al-Baghdadi et dont les retombées risquent de se répercuter dans le temps, peuvent se mouvoir —si on n’y prenait pas garde— en animosité irréductible entre les différents acteurs de la vie socio-politique nationale. Déjà, par dépit, le ministre de la Réforme administrative vient de démissionner !… Pourtant, que d’espoirs ont été placés par l’opinion arabe et internationale sur le devenir de notre pays, initiateur du «Printemps arabe», allant jusqu’à qualifier de miracle la réussite de la «Révolution de Jasmin». Mais, hélas ! au même moment, certains de nos dirigeants ne cessent —depuis les dernières législatives, déroulées, à l’étonnement général, dans une transparence totale—de faire, fréquemment, preuve d’un amateurisme dans leurs entreprises, frôlant parfois la risée générale. Les ordres et contre-ordres, émanant soit des acteurs de Carthage soit de ceux de la Kasbah, doublés d’un lourd mutisme observé quand il fallait, au plus vite, éclairer en toute vérité l’opinion publique, ne font que démoraliser le Tunisien. Celui-ci est, toujours, sous le choc des douloureux événements déclenchés honteusement à partir du palais Abdellia, à la Marsa. Depuis, il y a une réelle perte de confiance… Quand les dirigeants d’un pays quelconque —ici les membres composant notre «Troïka»— perdent la face, quand, de surcroît, ils ne parviennent toujours pas à garantir partout dans le pays la quiétude du citoyen et la sauvegarde de ses intérêts et de ses biens, alors ils n’ont qu’à «penser» vider les lieux… Mais, ils ne le feront jamais de sitôt quoique le 23 octobre prochain est, en principe, la «date butoir» de la fin de la rédaction de la Constitution, entraînant normalement avec elle, à brèves échéances, les institutions provisoires appelées à être renouvelées «durablement». Néanmoins, il est prévisible que l’achèvement de la rédaction de la Constitution, sauf miracle, ne serait pas réalisé à temps, comme il a, pourtant, été annoncé. Dans ces conditions, il est fort possible que les prochaines législatives seront, par voie de conséquence, reportées ! Il y a tant de subterfuges pour atteindre cet «objectif» pernicieux permettant un meilleur enracinement dans le pays de certaines formations politiques. Aujourd’hui, avouons-le, on a du «retard à l’allumage» dans différents secteurs. Ne parlons pas du manque grave d’investissements locaux et étrangers, chez nous ! Quant à la majorité de nos petites et moyennes entreprises, elles suffoquent économiquement avec le risque de voir la mise en chômage de dizaines de milliers d’ouvriers…

M’HAMED BEN YOUSSEF, TUNIS-HEBDO




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