Interdiction de manifester à l’Av. Bourguiba : une décision manifestement illégale qui ne résout pas le fond du problème

Interdiction de manifester à l’Av. Bourguiba : une décision manifestement illégale qui ne résout pas le fond du problème
National
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L’intervention musclée de la police contre les sans –emploi qui étaient en manifestation du côté de l’Avenue Habib Bourguiba a pour fondement la décision d’interdiction de manifester sur cette artère qui abrite le siège du ministère de l’Intérieur, symbole de la répression et de la dictature du temps de Benali. Cette décision prise dernièrement par le ministre de l’Intérieur fait suite aux incidents de violence qui se sont produit le 25 mars, à l’Avenue Habib Bourguiba, lorsque des salafistes, qui étaient en manifestation pour protester contre les atteintes au Coran, se sont attaqués aux artistes qui célébraient en même temps et au même endroit la journée mondiale du théâtre. Visiblement, le but de l’interdiction est de prévenir de tels incidents. Seulement, la violence politique peut se produire en tout lieu et en toute circonstance. Si à chaque manifestation qui déborde, on devait prendre une décision similaire, alors 'l’interdiction' pourrait s’étendre à l’ensemble du territoire du pays puisque toutes les régions sont exposées au risque. Les autorités savent très bien que la violence enregistrée le 25 mars 2012 à l’Avenue Habib Bourguiba était le fait des salafistes qui avaient délaissé leur manifestation et l’objet de leur manifestation pour gâcher les festivités organisées par les gens du théâtre. Au nom de ALLAH AKBAR, ils ont saccagé leurs équipements et ont voulu les agresser physiquement. En même temps, leurs leaders se trouvant sur les mêmes lieux appelaient à tuer les juifs, les mécréants et Beji Caied Essebsi. Il est donc clair que la cause de cette violence n’a rien à voir avec le lieu de la manifestation, mais s’attache au profil de certains salafistes qui, à travers leurs agissements antisociaux, cherchent à avorter le processus de transition en faveur d’un régime théocratique. Suivant les principes de la légalité universelle, la menace à l’ordre public et à la sécurité des citoyens doit être traitée au niveau de ses causes. Et si la solution implique l’interdiction, celle-ci doit être partielle et limitée au danger appréhendé. Par rapport à ce qui s’est produit le 25 mars, la cause des incidents est liée aux actes de violence perpétrés par des salafistes et non à l’organisation de la manifestation à l’Avenue Habib Bourguiba. Pour traiter ce cas, les autorités devraient agir sur les plans dissuasif et préventif. Ils auraient dû en premier lieu déclencher des poursuites contre les auteurs présumés de cette violence et en second lieu prendre des mesures exceptionnelles pouvant aller jusqu’à leur interdire de manifester. Or, en interdisant toute sorte de manifestations dans l’avenue Habib Bourguiba, le ministre de l’Intérieur, qui a pourtant fait sensation en se montrant intransigeant avec le danger salafiste, a mis tout le monde dans le même sac. Non seulement sa décision est d’une illégalité flagrante, mais aussi, elle ne permet pas d’atteindre les objectifs annoncés. On dirait que le but de l’interdiction n’est pas de prévenir la violence, mais de verrouiller une liberté fondamentale garantie par la République. Politiquement, la décision du ministre de l’Intérieur rappelle ce qui était en vigueur sous le règne de Benali quand il dirigeait le pays d’une main fer. Au nom de la protection de l’ordre public, tout était interdit. Et de toutes les façons, qu’il y ait ou non interdiction, la violence politique va se poursuivre tant qu’on permettra aux salafistes radicaux d’agir en toute impunité, au vu et au su des autorités.



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