Rached Ghannouchi récidiviste dans les menaces !

Rached Ghannouchi récidiviste dans les menaces !
National
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À l’évidence, Rached Ghannouchi, le président du mouvement Ennahdha, souffle le chaud et le froid. Voilà ce qui est de nature à corroborer le caractère équivoque du discours nahdhaoui. La semaine écoulée aura été marquée par des déclarations à tour de bras du chef historique d’Ennahdha, intervenues après les graves agissements des salafistes djihadistes appelant, entre autres, au meurtre des juifs. Cela sans compter la décision courageuse de renoncer à l’introduction de la chariaâ dans la nouvelle Constitution. Hier, dimanche à Jendouba, à l’occasion de la journée de la terre, le beau père du ministre des Affaires étrangères, Rafik Abdesselem, a tenu des propos qui pour êtres surprenants n’en sont pas moins inquiétants. À propos du parti islamiste qu’il dirige, il a précisé que « toute tentative visant à évincer Ennahdha plongera le pays dans le chaos ». Toujours selon lui, un tel scénario « ne sert nullement l’intérêt national. » Chasser le naturel, il revient au galop, sommes-nous tenté d’avancer. En effet, les paroles certainement réfléchies de Rached Ghannouchi résonnent comme une menace d’autant plus curieuse que rien ne semble justifier. La tonalité comminatoire est le moins qu’on puisse dire troublante et encourt le risque d’envenimer une situation aussi tendue que délétère. Aujourd’hui, Ennahdha est aux commandes, domine la Troïka et mène les affaires comme bon lui semble. Les désignations récentes aux postes clés de gouverneurs de personnes, qui leur sont inféodées, étayent la thèse de la mainmise du parti islamiste sur le pouvoir exécutif. Au fond, l’on se demande à qui le discours de Rached Ghannouchi entend s’adresser. Aux salafistes ? L’hypothèse n’emporte pas l’adhésion. À l’opposition ? Ce serait confondre l’attitude critique qui lui incombe de droit avec la théorie de complot que laissent entendre les paroles de Rached Ghannouchi. Tout porte à croire que le discours du leader islamiste participe d’une stratégie insidieuse, visant à faire croire que son parti est victime de desseins malveillants aux seules fins de le déstabiliser. Ce qui s’apparente à une tactique de victimisation n’est pas, à dire vrai, sans nous rappeler quasiment le même procédé utilisé par le premier responsable d’Ennahdha à la veille des élections de l’Assemblée Constituante au mois d’octobre dernier. Souvenons-nous de sa déclaration qui a jeté un pavé dans la mare et qui a fait couler beaucoup d’encre, «nous rejoindrions les forces de cette révolution qui sont capables de redescendre dans la rue et de faire tomber jusqu'à dix gouvernements si les objectifs de la révolution n’étaient pas atteints et un gouvernement n'était pas élu réellement » avait alors martelé Rached Ghannouchi. Toujours dans le même ordre d’idées, Hammadi Jebali, le chef du gouvernement provisoire, suite à la manifestation organisée par l’UGTT le 25 février dernier, a réagi avec virulence en haussant le ton allant jusqu’à tenir des propos menaçants à l’encontre de ceux qui veulent entraver la marche du gouvernement, et mettant en garde ceux qui gouverneront demain qu’il y a « des forces ayant une plus grande capacité de blocage ». Ces messages des deux figures de proue d’Ennahdha, qui semblent sortis du même moule, révèlent comme qui dirait un ébranlement des islamistes, ostensiblement allergiques aux moindres attitudes critiques qui leur sont faites. Si l’apprentissage du jeu démocratique semble une réelle épreuve pour le parti islamiste, l’on ne peut par là même taire l’absence de réaction aux graves propos tenus hier par Rached Ghannouchi qui ne font que jeter de l’huile sur le feu.



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