Bienvenue Frère McCain, Emir de l’Arizona

Bienvenue Frère McCain, Emir de l’Arizona
Chroniques
print



Sourires et accolades : les grands esprits se rencontrent et se reconnaissent. Souhaitons simplement pour eux que les baisers échangés ne soient pas à l’image de ceux que Gorbatchev faisait à Honecker, avant la chute du mur de Berlin…

Peut-être que la chaleur des embrassades entre les deux hommes provient-elle de leur passé commun de prisonnier lorsque McCain a été capturé par les militants vietnamiens et Jebali emprisonné dans les geôles du régime déchu ?

Ce qui est sûr, c’est que cette accolade est celle d’un chef de gouvernement avec un sénateur qui ne représente à aucun titre le gouvernement américain, mais agit à titre indépendant. Ce n’est donc pas une visite gouvernementale, et ce sont par conséquent des partisans qui se font des mamours. C’est que McCain est un peu nahdhaoui, alors que Jebali pourrait se reconnaître dans les thèses droitières de certains extrémistes républicains. Certainement que Hamadi Jebali sait que McCain est un «born again», c’est-à-dire un chrétien qui est né de nouveau après avoir retrouvé le chemin de l’église intégriste. Certainement que Hamadi Jebali sait que McCain, sénateur de l’Arizona est à l’origine de nombreuses gesticulations clairement racistes, ciblant la communauté latino toujours sous le coup d’expulsions arbitraires. Certainement que Hamadi Jebali sait que McCain, chantre de la droite républicaine la plus dure est aussi un pro-sioniste notoire qui appelle haut et fort à bombarder l’Iran et la Syrie. Certainement que Hamadi Jebali sait que McCain est l’un des rares Américains à continuer à défendre la guerre en Irak. Certainement que Hamadi Jebali sait que McCain est un pourfendeur des Arabes et un défenseur de la suprématie blanche que même sa propre fille, elle-même républicaine, a renié tant certaines de ses positions sont souvent extrémistes. Alors pourquoi cette accolade ? Est-ce parce que Jebali voit plus loin que nous tous ou bien parce que les deux hommes vont s’entendre comme larrons en farces sur notre dos ? Est-ce parce que McCain est plus fréquentable que l’Europe à laquelle la Tunisie tourne le dos tout en tendant la main ? Est-ce parce que Jebali adhère en vrac à tout ce que représente McCain ? Toutes ces embrassades ne seraient-elles que diplomatie et realpolitik ? Seuls, les deux hommes le savent. Pour ma part, je suis convaincu que Jebali agit ici en secrétaire général de parti et non pas en tiers-provisoire d’une “troïka” écartelée. Dès lors, la chaleur des bisous peut s’expliquer par un fait troublant. Notre Jebali voit en McCain l’émir de l’Arizona, qui est un État pétrolier et désertique. Probablement qu’il le confond avec d’autres émirs tout aussi «désertiques et pétroliers» à qui il doit beaucoup, peut-être beaucoup trop pour distinguer le Qatar de l’Arizona, le bon grain de l’ivraie et les intérêts de la Tunisie de ceux d’autres puissances qui nous poussent vers le gouffre…



Excision tous azimuts

Précédent

World Press Photo : La photo de l'année en empathie avec les souffrances du peuple palestinien

Suivant