Opinion - Rupture des relations avec Damas : piste Bir Ali Ben Khlifa ou agenda extérieur ?

Opinion - Rupture des relations avec Damas : piste Bir Ali Ben Khlifa ou agenda extérieur ?
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Apparemment rien ne prouve l’existence d’une relation entre la fusillade de Bir Ali Ben Khlifa et la rupture des relations diplomatiques avec la Syrie. Seulement voilà que dans un article publié par le Maghreb dans sa livraison du 3 février, il a été fait savoir d’après des sources non spécifiées que les agresseurs s’apprêtaient à faire exploser l’ambassade de Syrie en Tunisie. Le 4 février 2012, l’annonce de la décision présidentielle et gouvernementale d’expulser l’ambassadeur de Syrie et de rompre les relations avec le régime du pays à cause des violences perpétrées contre son peuple a pris de court les observateurs. La soudaineté de la décision au mépris de la règle de la gradualité qui sous-tend les relations diplomatiques en période de crise et de tension et sa singularité confirment l’existence d’une raison grave et sérieuse en dehors de l’exposé officiel des motifs. Il ne peut pas s’agir, comme indiqué dans le communiqué, des récents bombardements qui ont fait près de 200 martyrs dans la ville de Homs car, si c’était le cas, une condamnation énergique et un avertissement ferme auraient suffi à faire connaître la position de la Tunisie. Il ne peut pas s’agir non plus d’une décision qui a bien mûri dans les coulisses du sérail, car rien ne le présageait. Et s'ajoute à cela que l'ambassadeur syrien aurait quitté la Tunisie début 2011, comme il vient d’être annoncé par l'ex-diplomate tunisien Taoufik Ouannes, sur les ondes de Mosaïque Fm. Et donc, il ne peut s’agir que d’une prise de position qui s’est exprimée tout d’un coup suite à des événements en rapport avec des choix et la situation dans le pays. Le veto sino-russe qui a empêché la mise en vigueur d’une résolution punitive peut expliquer que la décision du gouvernement a été dictée de l’étranger pour isoler Damas et apporter ainsi un appui à la politique américaine dans la région moyen-orientale. L’intervention qatarie pourrait avoir favorisé cette décision. Néanmoins, cette explication, partagée par tous ceux qui ont critiqué la décision et la façon avec laquelle elle a été prise, n’exclut pas la piste Bir Ali Ben Khlifa si l’on s’en tient aux premières révélations de l’enquête en cours. Les kamikazes, qui n’ont pu aller jusqu’au bout grâce à la vigilance d’un citoyen et la promptitude de la réaction des forces de sécurité et de l’armée, se préparaient à attaquer l’ambassade de Syrie suite aux tueries commises dans plusieurs villes de la Syrie. La fermeture de l’ambassade s’est donc imposée, car rien ne garantit qu’on est à l’abri du danger, et ce, à côté d’autres mesures versant dans le même esprit et s’inscrivant dans le sillage de la politique de l’Etat à savoir : l’expulsion de « l’ambassadeur » de Syrie et la rupture des relations avec Damas. Ces deux dernières mesures peuvent satisfaire les alliés de la Tunisie dans les pays du Golfe et en Occident et, par ricochet, peuvent aboutir, à calmer les esprits du côté de la mouvance jihadiste pour qui le régime de Bachar est un rempart de la mécréance.



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