La salle AfricArt sauvée par une loi de… 1982 !

La salle AfricArt sauvée par une loi de… 1982 !
Culture
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L’année 2011 aura été technicolor pour l’AfricArt. Ce cinéma en aura vu de toutes les couleurs ! Après avoir été attaqué par des personnes appartenant, apparemment, à des groupuscules religieux extrémistes, voilà qu’il a failli être transformé en salle de fitness. Du moins, c’est ce qu’ont supposé certains. Il a été sauvé non pas par une pétition comme on pourrait le croire mais par une loi de… 1982. Levée des boucliers fin septembre pour sauver l’AfricArt non pas des salafistes mais d’une transformation du cinéma en salle de fitness. Une pétition, «Sauvons le cinéma AfricArt», a été mise en ligne pour défendre cette salle qui a été reprise, en 2006, par Familia Productions, structure de production théâtrale, chorégraphique, audiovisuelle, de diffusion et de formation artistique fondée en 1992 par la comédienne et auteure dramatique Jalila Baccar et l’auteur dramatique, réalisateur, metteur en scène et formateur Fadhel Jaibi, en collaboration avec Habib Bel Hédi, animateur culturel et producteur, qui gère l’AfricArt. La liberté, une corde sensible… Dans cette pétition, il est dit que «suite aux évènements de juin dernier lors de la projection du film de Nadia Fani, la chaîne El Mouradi refuse de renouveler le bail du cinéma AfricArt. La salle sera donc fermée. La chaîne d’hôtels El Mouradi qui vit du tourisme est l’ennemie de la culture et de l’ouverture d’esprit. Le ministère de la Culture sous la houlette d’un ministre trop mou et totalement passif, ne prend pas position. Signez pour sauver le cinéma AfricArt, seul cinéma en Tunisie à proposer une programmation intelligente et variée, un ciné-club, un espace de liberté et de culture. Si nous ne sauvons pas l’une des dernières salles de Tunis, nous dirons adieu à nos libertés». Une pétition qui joue non seulement sur la fibre patriotique, mais aussi sur l’atteinte à la liberté, une corde très sensible actuellement, tout en indexant un ministre «trop mou» et une chaîne d’hôtels qui préfère le tourisme (dont elle fait vivre ses employés et comme si ce n’était pas son droit le plus total –là aussi on touche à la liberté !) Un ministre de la Culture pas si mou ! Finalement, il se pourrait que tout soit bien qui finisse bien et non grâce à cette pétition mais à l’intervention d’un ministre «trop mou» finalement pas si mou que ça ! En effet, Ezzeddine Bechaouch s’est référé, pour empêcher la fermeture de l’AfricArt, à une loi relative à l’infrastructure culturelle. Il s’agit de la loi n° 82-89 du 20 décembre 1982, JORT(82), du 21/12/82 : 2765.2766. Dans ce JORT du 21 décembre 1982, on peut lire : «Loi n°82-89 du 20 décembre 1982, relative à l’infrastructure culturelle. Au nom du Peuple, Nous Habib Bourguiba, président de la République tunisienne ; la Chambre des députés ayant adopté ; promulguons la loi dont la teneur suit». Sont, alors cités différents articles dans trois chapitres. C’est le troisième qui intéresse la situation de l’AfricArt. Ce chapitre, intitulé «du Recensement, de la Protection et de la Conservation de l’Infrastructure Culturelle», contient un article qui déclare : «Les locaux à activité culturelle destinée au public ne peuvent être déviés de leur destination initiale que sur autorisation du ministre des Affaires Culturelles». Devant un tel argument légal, la chaîne Mouradi ne peut que s’incliner, d’autant plus que l’article suivant dit : «Si des équipements culturels ont été supprimés ou si des travaux de nature à en modifier l’affectation ont été réalisés sans l’autorisation exceptionnelle du ministère des Affaires Culturelles, le ministre des Affaires Culturelles peut ordonner la remise des lieux dans leur état antérieur, aux frais du propriétaire ou de l’exploitant dans un délai de 6 mois à compter de la mise en demeure».

Zouhour Harbaoui - Tunis-Hebdo




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