Culture

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Édito
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La scène politique de la Tunisie se caractérise ces derniers jours par une accalmie certaine, les listes candidates aux élections de l’Assemblée Constituante fourbissant « leurs armes » en vue de lancer leur campagne électorale. En revanche, certains secteurs continuent de souffrir malgré les efforts énormes, et parfois désespérés, de leurs acteurs de poursuivre leurs activités. Le secteur auquel on peut s’intéresser aujourd’hui est le secteur culturel qui n’a pas retenu outre mesure l’attention des partis politiques, y compris les plus importants, que ce soit dans leurs discours ou dans leurs programmes. Ces derniers se sont contentés tout simplement de définir quelques vagues principes et quelques slogans pompeux et passe-partout pour présenter leurs propres visions de la chose culturelle et du devenir des activités culturelles dans la Tunisie du futur. Parmi les questions qui retiennent l’attention, nous pouvons relever deux faits inquiétants et qui devraient mobiliser les principaux acteurs de la vie politique nationale. Curieusement, et mis à part le gouvernement transitoire qui a pris quelques mesures intéressantes, les partis politiques ont fait preuve d’un silence assourdissant face aux atteintes enregistrées dans le domaine culturel. En effet, la reprise des travaux de construction dans la zone hautement archéologique de la Maalga, zone connue pour son riche et inestimable patrimoine carthaginois et romain, n’a engendré que la réaction de centaines de citoyens éclairés qui ont initié des actions de nature à attirer l’attention des autorités municipales de la région et à les pousser à réagir. Le second fait que nous citons est cette décision émanant de la direction d’un hôtel de la capitale de différer la réouverture de l’espace « Africart », le seul qui se bat depuis plus de quatre ans pour la remise en selle du cinéma d’art et d’essai dans notre pays ; mais qui fut, rappelez-vous-en, la cible de quelques illuminés qui étaient venus y exercer leur terrorisme intellectuel à l’occasion du fameux film documentaire de Nadia Fani. Aujourd’hui, alors que la salle n’a besoin que d’une bénigne réparation, des vitres brisées, la direction de l’hôtel a renvoyé aux calendes grecques sa réouverture. Et, on ignore si cet espace reverra le jour ! Or, nul n’ignore le désert culturel instauré par le régime déchu lequel a mis au pas les artistes et les gens de culture pour les remplacer par des « larbins » qui ne cessaient de l’encenser tout en contribuant à l’abêtissement de la jeunesse et du peuple. Ainsi, on a vu mourir à petits feux des salles de cinéma, remplacés par des espaces commerciaux contrairement aux textes qui interdisent cette reconversion, les espaces théâtraux, les ciné-clubs, le cinéma amateur, la bonne musique, l’édition, etc. Or la Tunisie de demain ne pourra pas se construire sans les hommes de culture. Les efforts et les mesures pour remettre au goût du jour les salles de cinéma et de spectacle, les théâtres, les maisons de culture, et autres espaces et activités culturels doivent être soutenus pour redonner un autre contenu à la culture de notre pays, tout en garantissant la liberté d’expression à tous les artistes. Car sans liberté, il n’y a pas d’art, ni de culture.



Ain Drahem : Malheureux, ces enfants vendent de la joie aux visiteurs !

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