Selon Mediapart, Tarhouni menacé par Belhassen, et l'arrestation de Seriati ordonnée par Ben Ali

Selon Mediapart, Tarhouni menacé par Belhassen, et l'arrestation de Seriati ordonnée par Ben Ali
National
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Six mois après la fuite de Ben Ali, nous ne connaissons toujours pas ce qui s'est vraiment passé en ce 14 janvier 2011. Pourtant ce ne sont pas les versions qui manquent. Après, notamment, Ben Ali en personne et Ali Seriati, au cours de son procès, c'était autour du chef de la Brigade anti-terrorisme de la police nationale, Samir Tarhouni, de donner sa version des faits. Aujourd'hui, Mediapart livre la sienne. Le site d'informations confirme les propos de Tarhouni en rajoutant certains détails manquants. Samir Tarhouni avait organisé, lundi dernier, une conférence de presse pour livrer sa vérité de ce qui s'est passé en ce jour, devenu historique pour la Tunisie. Mais pourquoi a-t-il attendu six mois après la fuite de Ben Ali pour "se confesser" ? Et pourquoi ce moment précis pour "parler" ? Mediapart affirme, selon ses sources, que le chef de la BAT a appris que Belhassen Trabelsi aurait décider, dernièrement, de l’assassiner, ainsi que sa famille. C'est ce qui a poussé Tarhouni a organisé rapidement cette conférence de presse. D'ailleurs, à propos de Belhassen Trabelsi, Mediapart nous informe que ce dernier devait prendre l'avion avec les autres membres de sa famille à partir de l’aéroport Tunis-Carthage mais qu'il a décidé, au dernier moment, de fuir en bateau. Rien ne précise pourquoi ce revirement. Etait-il au courant de quelque chose ? Mediapart refait le film du 14 janvier, heure par heure, comme l'a fait Tarhouni, lors de la conférence de presse. Ainsi, à 13h30, alors que les manifestations sur l'avenue Habib Bourguiba réunissaient de plus en plus de monde et que la colère grognait, le capitaine de la BAT, devant le ministère de l'Intérieur, déploie ses hommes sur le toit du bâtiment. A ce moment, des hauts cadres de cette institution, toujours enfermés dans le bâtiment, donnent l’ordre au capitaine de tirer sur la foule. Celui-ci appelle son colonel. Ce dernier lui ordonne de ne pas faire feu, et de vider toutes les balles des chargeurs de ses hommes. Cependant, Mediapart n'a pu avoir le nom de ces hauts cadres du ministère de l’Intérieur. Mediapart confirme les propos de Tarhouni sur l'étonnement de Ali Seriati face à ce que vient de faire la BAT, après l'arrestation des Trabelsi à l'aéroport Tunis-Carthage. D'autant plus que l'USGN (Unité Spéciale de la Garde Nationale) qui était chargée de défendre le palais de Carthage, s'est rangée du côté de la BAT. Pendant ce temps, Ben Ali, sa femme, son fils, sa fille et le fiancé de cette dernière arrivent à l'aéroport militaire de l'Aouina. Seriati, qui avait caché la vérité à Ben Ali sur ce qui se passait avec les unités spéciales et l'arrestation des Trabelsi, décide de tout lui avouer. C'est ainsi qu'il lui déclare : "actuellement, je suis dans l’incapacité de garantir votre sécurité, je vous suggère de quitter le pays avec votre famille, le temps que nous trouvions une solution en Tunisie.» Ben Ali est troublé, ne sait plus quoi penser de ce que vient de lui dire son homme de confiance. L'avion présidentiel décolle à 17h47 avec à son bord le désormais ex-président de la Tunisie. Dans l'avion, celui-ci appelle le ministre de la Défense de l'époque, Riadh Grira, pour lui ordonner d'arrêter Ali Seriati, le temps qu'il revienne d'Arabie Saoudite et qu’il comprenne ce qui se passe dans son dos. Concernant l'arrestation de Seriati, alors que certains médias ont déjà annoncé que Grira avait reçu l'ordre de Ben Ali, d'autres maintiennent la polémique, comme en témoignent les récentes déclarations du fils de Seriati à une radio privée tunisienne. Après le départ de Ben Ali, Mohamed Ghannouchi prend la destinée du pays suite à l'application de l'article 56. Or, et comme l'a affirmé Tarhouni dans la conférence de presse, l'ex-Premier ministre appelle le chef de la BAT pour lui demander qui voudrait-il à la tête du pays après "son coup d'Etat". Une question à laquelle Tarhouni répond par «vous». Alors Mohamed Ghannouchi ordonne la libération des Trabelsi. Ce à quoi Samir Tarhouni a refusé d’obéir.



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