Le «printemps arabe» intéresse-t-il encore Washington ?

Le «printemps arabe» intéresse-t-il encore Washington ?
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A l’orée de la révolution tunisienne qui a totalement bouleversé le paysage politique dans le monde arabe, voire africain et mondial, les manifestations de Madrid en sont le meilleur exemple. Les Américains, Obama en premier, se sont bien «félicités» de ce changement et de ce vent de liberté qui commence à souffler sur un monde qui a toujours été à la traine du monde libre et émancipé. Cette révolution a surpris tout le monde, tous les analystes politiques, même les plus avertis et les plus «prévenants». Nous étions loin de penser que le pouvoir du dictateur Ben Ali tomberait aussi facilement, sous les protestations et le mouvement déferlant d’une population exaspérée et profondément humiliée par les agissements dévergondés des Ben Ali et des Trabelsi. Ce vent de révolte ne tarda pas à souffler sur le pays du Nil ; un pays tellement stratégique que les Américains eurent vite fait de circonscrire cette houle contestataire et de la canaliser en optant pour les militaires qui se sont vite accaparés le pouvoir. Suivront les mouvements populaires au Yémen, en Libye, au Bahreïn, timidement au Maroc et plus tard en Syrie, chaque population et chaque pays vivant l’expérience, parfois sanguinaire, de la liberté et de la démocratie. Cette situation aussi insolite qu’incroyable que vit la nation arabe intéressera les médias étrangers à plus d’un titre. Les médias américains en premier, dont les couvertures seront consacrées à ces événements et à leur développement durant une bonne période, avant que les esprits ne se calment pour se tourner vers d’autres sujets brûlants…. Étourdi par tant de changements, le monde s’en détournera petit à petit, Washington en particulier qui n’aura d’yeux que pour l’Egypte qu’elle tient à garder sous sa coupe, allant jusqu’à proposer discrètement et «diplomatiquement», et cela bien avant le 25 janvier, le départ de Hosni Moubarak, l’allié inconditionnel des Américains et de l’entité sioniste. Un désintéressement qui se confirmera lors des événements actuels en Syrie, cet autre pays tout aussi stratégique, vu sa proximité de l’Etat sioniste, et sur lequel on continue à fermer l’œil malgré le nombre sans cesse croissant de victimes et où le nombre de morts avoisine les 1500. D’autre part, et parallèlement aux événements houleux en Egypte, la révolution libyenne est entrée en scène, mais sous un angle totalement différent. Le «leader» Mouammar Kadhafi, ne prenant pas les choses aussi facilement, alla mater l’insurrection jusqu’à Benghazi, le fief des insurgés. Et n’eut été l’intervention des Français, la situation aurait sûrement tourné en faveur du «Guide». Autre preuve donc du désintéressement des Etats-Unis de ces «changements» dans le monde arabe, car Washington n’a fait que suivre le courant de la communauté internationale, entendez par là ses alliés français et britanniques. Et bien que ces révolutions cherchaient, d’une manière ou d’une autre et à différents degrés, le «soutien» de l’Occident, peut-être celui des USA en premier, puissance unique sur Terre ou presque, il n’en fut rien : c’est à mi-voix que Washington dénonçait ses alliés arabes d’hier, les dictateurs déchus, pour exprimer son soutien «à la volonté des peuples». Reflet de ce désintéressement de toute l’Amérique à quelque chose près, les dépêches qui arrivent, par exemple, aux grands tirages new-yorkais sur les sanglants événements en Syrie… depuis le Liban !!! Que reste-t-il donc pour Washington comme sujet d’intérêt pour ce monde arabe en ébullition ? Juste des espaces stratégiques à sauvegarder, la Tunisie étant loin d’être un élément clef dans la politique américaine et sa stratégie régionale et internationale, c’est surtout l’Egypte, et à une moindre échelle le Yémen, qui retiennent son attention, le risque de voir l’extrémisme religieux et la nébuleuse d’Al-Qaïda s’implanter dans ces contrées étant grand.



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