Incendie criminel: la forêt de Dar Chichou réduite en cendres

Incendie criminel: la forêt de Dar Chichou réduite en cendres
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Un vrai désastre écologique fait à l’encontre de notre patrimoine naturel est celui que vit depuis plus d’une semaine la forêt de Dar Chichou, du côté de Kerkouane (Gouvernorat de Nabeul). Un incendie criminel qui s’est déclaré depuis le jeudi 14 juillet et qui n’est pas prêt à s’éteindre malgré tous les efforts fournis. Plus de 400 hectares, selon les premières estimations de Habib Abid (directeur de la conservation des forêts), ont été réduits en cendres. La faune et la flore décimées, victimes d’actes criminels et suspects. Il faudra plus d’un demi-siècle pour que la forêt puisse renaître de ses cendres. Crime prémédité Quand l’incendie s’est déclaré, il y a plus de dix jours, on a cru au départ à un phénomène naturel vu la canicule. Or, une vue aérienne d’un hélicoptère a bien démontré que le feu s’était déclenché instantanément et parallèlement dans 5 endroits différents. Si les autorités ont tenté, dans un premier temps de " camoufler " l’acte criminel, les faits étaient là. Quand le gouvernement s’est rendu compte de la gravité de l’affaire, il a consacré un canadair et un hélicoptère militaire. Rien n’y fait. Quand le feu semblait avoir été maîtrisé, d’autres flammes s’annonçaient dans d’autres coins de la forêt plus lointains … Phénomène illogique si cela était naturel. Selon les témoignages des habitants de la région, ils étaient unanimes : l’incendie est bel et bien criminel. Voici leur explication : certaines personnes ont acheté, depuis de longues années, des terrains se trouvant au cœur de la forêt. C’est l’Etat qui leur aurait vendu ces terres, tout en leur signalant qu’il leur serait interdit de bâtir quoi que ce soit, vu que c’est une zone sauvegardée et considérée comme fortune écologique et patrimoine naturel, vierge et inviolable. La révolution en marche, ces familles-là se croyant tout permis, ont déjà commencé à infester les plages vierges de Kerkouane et à bâtir illégalement des maisons en bord de mer. Voyant que l’Etat n’a rien fait pour les en empêcher, malgré les ordres de démolition et qui sont restés en suspens… tels des illuminés, ils se seraient décidés à brûler cette " satanée " forêt pour pouvoir enfin assouvir leur avidité de gain et y bâtir des maisons et bungalows à louer et s’enrichir au détriment de la faune et la flore…"Une enquête sérieuse et approfondie doit être menée ! Il faut arrêter les criminels !", clame l’un des habitants de la région. Un renfort inestimable Là où les autorités se sont plantées, la société civile a retroussé les manches pour aider à sauver ce qui reste. Des associations bénévoles, des amoureux de la nature, des groupes facebookers et des bénévoles, à l’instar de TUNAIDE ou encore ACAM faune et flore, ont répondu à l’appel de secours de notre cher patrimoine. Des opérations de sauvetage comme " Ensemble sauvons la forêt de Hammam-Leghzaz", "Sauvons le Patrimoine des pyromanes" ou encore "Opération Forêt Dar Chichou" ont été organisées afin de soutenir les autorités qui sont sur place. Et pourtant, bizarrement, le feu se répand toujours et encore réduisant à néant tout ce qui le rencontre. Voilà de quoi est capable l’avidité humaine, réduire à néant un patrimoine qui était la fierté de la région et du pays. Au moment où nous quittions Dar Chichou et Kerkouane, les forêts qui longent la mer étaient encore sous l’emprise du feu. L’odeur de la fumée et des arbres calcinés nous accompagna pendant un bon bout de temps…

Melek LAKDAR - Tunis-Hebdo




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