L’aéroport de Monastir menacé de fermeture…

L’aéroport de Monastir menacé de fermeture…
National
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La société turque TAV menace de réduire drastiquement le trafic à Monastir voire même de fermer complètement l’aéroport de Monastir pour cause de vétusté. Une manifestation est organisée ce matin pour protester contre cette fermeture aussi absurde qu’injustifiée. Le départ du cortège est prévu à 10h à l’aéroport de Monastir avec une marche jusqu’à la mairie de Monastir. Rappelons que la société Turc en question a reçu la double concession du nouvel aéroport d’Enfidha qu’elle a construit et de Monastir qu’elle exploite depuis Janvier 2008 pour une durée de 40 ans. Force est de constater aujourd’hui que l’aéroport d’Enfidha, flambant neuf, reste désespérément vide. Beaucoup critiquent son positionnement géographique, l’absence de stratégie territoriale claire et les motivations réelles de cet investissement important. Tout l’écosystème touristique du Sahel de Mahdia, Monastir et Sousse est aujourd’hui parfaitement desservi par l’aéroport de Monastir et souffrirait fortement d’un déplacement du flux de voyageurs vers Enfidha : des distances plus éloignées, un coût plus important, un droit d’entrée payant sans compter les 3000 emplois directs menacés par la fermeture de l’aéroport de Monastir… Pour un touriste européen séjournant à Mahdia ou Monastir, le passage par Enfidha se traduit par un doublement de son temps de transport. Un coup très dur pour les professionnels du secteur. Pourtant la société TAV n’en démord pas. L’aéroport de Monastir fait de l’ombre à celui d’Enfidha, potentiellement plus rémunérateur. Elle est prête à tout pour le favoriser. Une augmentation de 20% de la redevance d’atterrissage appliquée uniquement à Monastir a été décidée en septembre 2010 pour dissuader les transporteurs. Des arguments de vétusté sont utilisés pour justifier la fermeture prochaine de Monastir (soi-disant temporaire), alors que de nombreux travaux ont déjà été effectués, que la rénovation de l’aéroport peut très bien se faire par étape sans gêner le trafic, comme l’affirment l’ensemble du personnel mobilisé. Une brochure récente éditée par la société TAV reproduit une carte de Tunisie sans même mentionner Monastir et son aéroport, alors même qu’ils en sont les opérateurs. Et ils voudraient nous faire croire que la rénovation de Monastir est stratégique pour eux ! Plus grave encore, des propositions inacceptables de reclassement ont été faites aux employés pour travailler à Enfidha augmentant de plus de deux heures leur temps de transport quotidien sans la moindre compensation. Tout est fait pour casser le deuxième aéroport du pays parfaitement inscrit sur son territoire et qui a cumulé tous les records de flux de passagers au profit de celui d’Enfidha, désespérément vide. Reste la vraie question que chacun se pose ? Comment une société de droit privé peut-elle décider seule de l’avenir d’une infrastructure capitale pour le pays ? Quelle stratégie territoriale préside à un tel choix national et souverain ? La réponse est à chercher du côté du système Ben Ali et de l’incroyable dépeçage des biens publics qu’il a organisés sans jamais se préoccuper des populations et de ses besoins. Le bilan est lourd aujourd’hui. Tel un aéroport hors sol, la création de l’aéroport d’Enfidha ne s’inscrit dans aucune stratégie cohérente de développement territorial. Cet aéroport résultait de la seule volonté du président fuyard dans un délire aussi mégalomaniaque qu’intéressé. Déconnecté des bassins de vie, son positionnement est une aberration. Pourquoi la même société a-t-elle obtenu les deux contrats de concession d’Enfidha et de Monastir ? S’agissait-il d’un échange compensatoire ? Etait-ce une façon de programmer la mort annoncée de l’aéroport de Monastir ? Quels engagements sociaux ont été pris par la société TAV en contrepartie de ces deux concessions ? Qui possèdent les terrains autour de l’aéroport d’Enfidha, promis à un développement touristique massif ? Aucune transparence, aucun engagement social, aucune stratégie territoriale claire, une opacité complète qui illustre les méthodes de l’ancien régime voyou au seul bénéfice de sociétés de droits privés. Le bras de fer est aujourd’hui engagé pour préserver les 3000 emplois directs et les multiples emplois indirects concernés. Les conditions d’obtention et les engagements afférents à ces concessions doivent être connus de tous pour être renégociées au seul bénéfice de notre développement économique territorial car ces infrastructures sont des biens nationaux avant tout.



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