L'idéaliste, le réaliste et le politique

L'idéaliste, le réaliste et le politique
National
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La révolution tunisienne a surpris tout le monde, même le peuple qui l'a réalisée. Le pays se retrouve dans une crise politique sans précédant et pour cause : Tout le monde fait dans la politique mais presque personne ne fait dans la diplomatie. Le premier à en faire était Ahmed Ounaïes. Mais, étant déconnecté de la réalité, il a oublié que la Tunisie était peuplée d’experts en football. Son discours n'a pas été compris par la foule. Il l'a payé par son exit. Le second est Béji Caïd Essebsi, premier ministre depuis une semaine. Depuis son arrivée à la tête du gouvernement, l'homme sage et charismatique qu'il est, a réussi à séduire le peuple, ou du moins, une grande majorité. Caïd Essebsi est parvenu calmer à la fois les idéalistes (de la Ksabah) et les réalistes (de la Coupole). Il ne lui a fallu qu'un léger remaniement ministériel et de bonnes doses d'humour et de realpolitik. Du haut de ses 87 ans, le premier ministre a fait taire tout le monde, y compris l'UGTT, en domptant ses patrons, et les partis extrémistes en leur accordant le droit d'existence. La crise n'est cependant pas à sa fin. Elle ne fait que débuter. Pour la première fois, tous les partis politiques voient le pouvoir en ligne de mire. La course a d’ores et déjà commencé. Ce sera un long marathon et le fair-play n'est pas de mise. Relations partis-peuple Le passage du statut de parti d'opposition, légal ou pas, à celui d'un potentiel parti au pouvoir est très alléchant. L’élection de l'assemblée constituante est dans 4 mois. Les partis doivent vite se montrer tant au niveau régional que national. Or, le Tunisien ne semble pas les accepter. Il les accuse de vouloir "Monter sur la révolution"... Le Tunisien a-t-il perdu confiance en l'homme politique ? Il semble que oui. Les politiques sont des profiteurs, assoiffés de pouvoir, futur dictateurs,... Relations inter-partis Les partis, entre eux, s'accusent mutuellement d'intégrer les anciens du RCD. Là, personne ne peut avoir tort. Le défunt parti comptait dans ses rangs environ 20% de la population Tunisienne. Va-t-on les interdire de vie politique ? Certainement pas. Le RCD était majoritairement composé d’opportunistes et de ceux qui se protègent des opportunistes. Les deux camps vont aujourd'hui intégrer les autres partis. Les critiques idéologiques sont évidemment naturelles. Gauche, droite, centre, progressiste, démocrate, islamiste, conservateur, libéral, communiste, socialiste, vert,... Les combats de coqs sont à tous les coins de rue, dans tous les cafés, tous les espaces publiques.. et même les maisons. Relations intra-parti Beaucoup de partis politiques connaissent des divisions plus ou moins importantes. Rien d'anormal. Maintenant que le marathon a commencé, il y a plus d'une façon de mener la course et aucun moyen de faire consensus. Même Ennahdha, solidaire aux temps de la répression se divise autour de Ghannouchi et Mourou. Et l'avenir ? Il faudra sûrement attendre quelques mois, le temps que l'hyper-engouement pour la politique s'estompe. A ce moment-là, seuls les vrais politiques resteront en scène. Il faudra des vacances estivales, un ramadan, une rentrée et peut être une nouvelle saison de football.



André Parant juge nécessaire de préserver les acquis démocratiques en Tunisie

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