Du Sang, du Web et de la liberté

Du Sang, du Web et de la liberté
National
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Pour faire une révolution, prenez un pays, mettez-le sous dictature pendant des années, réprimez-le et enlevez-lui sa dignité. Laissez-le ruminer sa colère, voir grandir en lui sa frustration et s'organiser jusqu'au jour où il explose, descend dans la rue et se confronte au régime pour réclamer sa liberté et surtout l'obtenir ! Et le web dans tout ça ? Il fallait bien un média indépendant, non contrôlable et dont la censure pouvait être déjouée pour faire circuler l'information, la bonne information, toucher le maximum de jeunes et les sensibiliser au besoin de parler et surtout les inciter à descendre dans la rue. C'est ainsi qu'un vent de liberté souffle depuis le 14 Janvier sur la Tunisie et le 11 Février en Égypte, et se propage vers d'autres pays arabes notamment la Libye (article écrit le jeudi 24 février). Pas besoin d’insister sur le fait qu’une révolution se fait au prix de sacrifices, de sang. C’est la rue qui commande, le Web est là pour aider. Mais voyons quel rôle ont joué ces nouveaux médias dans la mobilisation des foules et la transmission de l’information aux classiques médias internationaux. Le Web pour s’exprimer Comment faire pour sensibiliser un maximum de personnes sur ce qui se passe réellement dans la rue en temps de révolution ? Par quel média passer pour parler, diffuser des vidéos de la rue et propager rapidement l’information ? Dans une dictature, il ne faut pas compter sur les medias audiovisuels à la solde du régime. L’internet devient naturellement « La » source d’information et le seul espace de « liberté ». La naissance du Web 2.0 et le boom des réseaux sociaux ont offert un moyen inespéré pour combattre sur la durée tout régime totalitaire qui ne croyait pas en la force du net. Ecrire, blogger, s’exprimer, commenter, se rencontrer, s’échanger virtuellement, partager des vidéos, s’organiser, etc. Le processus est simple dans son apparence mais complexe dans sa réalisation. Facebook le catalyseur, Twitter le sensibilisateur Ecrire c’est bien, partager une vidéo c’est encore mieux. Si on prend le cas de la Tunisie, les sites de contenu ne sont pas très nombreux et n’avaient pas le droit de discuter politique du temps de Ben Ali. La censure faisait rage, le blogging était tout le temps muselé et les plates-formes de partage de vidéos disparaissaient l’une après l’autre. Heureusement que Mark Zuckerberg a eu la bonne idée de lancer Facebook, de l’améliorer et de proposer de plus en plus de services pour voir l’internaute tunisien s’approprier ce joujou et en faire un relais médiatique en temps réel de ce qui se passait réellement dans les rues à Sidi Bouzid, Thala, Kasserine, etc . la suite on la connaît tous et d’un simple outil de partage de l’information, Facebook incite désormais les gens à descendre dans la rue pour protester. En consultant les statistiques fournies par Socialbakers.com, on constate que durant la période allant du 17 décembre au 14 janvier près de 250 000 nouveaux comptes Facebook ont été crées par les Tunisiens ! Tout simplement énorme ! Twitter pour sa part a eu un rôle de sensibilisation à l’extérieur du pays. Malgré le nombre assez faible d’utilisateurs tunisiens, la mobilisation -140 caractères a pu alerter les médias internationaux sur ce qui se passait réellement à l’hôpital de Kasserine par exemple. Les web journalistes de France 24, Le Monde, Libération, Rue89, Al Jazeera,etc .. pour ne citer qu’eux, fignolaient leurs articles en consultant le hashtag #sidibouzid devenu rapidement Trending Topics dans le monde. Le monde arabe se réveille ! Touchés par ce vent de folie, libérés de la peur, bon nombre de pays arabes ont emboité le pas. Au soir du 11 février, l’Egypte comptait plus de 5 millions de comptes FB dont un bon million crée depuis le début de l’année ! En Libye, Facebook a été déterminant pour mettre à nu les crimes commis par le « fou furieux » envers son peuple. Fait notable, 15 000 nouveaux comptes ont été activés ces deux dernières semaines. D’autres candidats se bousculent au portillon, le Yemen et ses 70 000 comptes de plus depuis le début de l’année, l’Algérie et le Maroc avec respectivement 200 000 et 500 000 nouveaux comptes les deux derniers mois et l’Arabie Saoudite avec 300 000 Facebookeurs de plus une semaine avant le retour du roi Abdallah et l’annonce de multiples mesures sociales !! Mark Zuckerberg devrait sûrement rendre hommage aux Tunisiens pour ce formidable coup de pub gratuit. Investir symboliquement dans des locaux en Tunisie ne serait sûrement pas considéré comme de la cyberutopie. Crédit photo : @GKaroui



André Parant juge nécessaire de préserver les acquis démocratiques en Tunisie

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