Il y a dix jours, le dirigeant libyen Mouammar Gueddafi avait proféré dans un discours, au lendemain de la chute de Ben Ali, des propos choquants à l'égard du peuple tunisien, où il les avait accusés d'avoir « plongé le pays dans un chaos dont on ne voit pas la fin » et cela, « par manque de patience... Ben Ali vous a dit qu’il partirait dans trois ans, pourquoi n’avoir pas patienté ? Il n’y a pas mieux que Zine pour gouverner la Tunisie. Pour moi, il est toujours le président et son mandat doit durer jusqu’à la fin. »
Aujourd'hui dans une interview accordée à Nesma TV, Gueddafi change de discours et affirme qu'il est naturellement avec le peuple tunisien. Quant aux propos du 15 janvier, il voulait en fait montrer au peuple tunisien son appréhension que ce dernier soit la proie de forces extérieures.
À la question de savoir si la frontière libyenne resterait ouverte aux tunisiens, il a répondu que cela était évident vu les relations continues que les deux peuples voisins entretiennent.
Gueddafi comme Ben Ali, sont des militaires qui ont accédé au pouvoir par un coup d'état. Alors que Ben Ali est resté 23 ans à la présidence de la Tunisie, Gueddafi est encore à la tête de la Libye et ce, depuis quarante-et-un ans.
Ce virement de bord dans le discours de Gueddafi à propos de la Tunisie est justifié par la peur de la contagion de la révolution tunisienne à d’autres pays arabes et voisins.
Et pour cause, la libye se retrouve désormais entre une nouvelle Tunisie qui est parvenue à renverser son dictateur et le pays du Nil qui aujourd'hui, à coups de milliers de manifestants, réclame le départ de son président Hosni Moubarak.